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Comment se défendre verbalement face à une agression ?

    Connaître le B.A-BA des sports de combat, être expert en arts martiaux, connaître toutes les techniques de prise, les clés de bras, de mains, frapper fort, tout cela est très bien, excellent même s’il arrive d’être agressé dans la rue ou d’avoir à se protéger en cas de bagarre (en boîte, lors d’une émeute, d’un concert…)

    Toutefois, être bon sur tout le plan physique ne vous apprend en rien à être bon sur le plan de la communication.

    Or la communication n’est pas seulement importante au quotidien avec nos amis, notre famille, les filles et les collègues, elle est également essentielle lors d’une agression.

    Gérer verbalement un agresseur en colère, énervé, n’est pas une mince affaire, surtout lorsqu’on ne connaît pas les bases de la communication.

    Dans cet article nous allons donc voir comment se défendre verbalement face à une agression, suivez le guide.

    Dans quel type de situation se défendre verbalement ?

    Tout d’abord, le contexte dans lequel vous allez pouvoir vous défendre verbalement est le cas d’une agression où l’ennemi est face à vous, ou en approche, mais qu’il n’a pas encore intenté d’agression physique. Cela coule de source mais c’est très important à préciser !

    Si les coups commencent à fuser, le blabla ne vous servira plus à vous défendre, j’en ai bien peur.

    Cet article se cantonne donc à une situation d’échanges verbaux, peu importe leur nature.

    Si une attaque physique se prépare, est en cours ou a déjà commencé, mettez le paquet sur la défense physique et non verbale.

    De plus, une certaine part de lucidité est nécessaire chez l’agresseur. Si vous avez à faire à un individu drogué ou ivre, mieux vaut éviter de parler, tout risquerait de l’énerver.

    S’il n’est pas disposé à vous écouter, qu’il refuse catégoriquement que vous parliez, n’insistez pas. Son intégrité mentale (tout est relatif) est donc requise pour vous défendre verbalement.

    Enfin, gardez en tête que vous n’aurez pas pour objectif d’avoir raison, de lui faire la morale, de le casser et encore moins d’avoir le dernier mot. Vous perdriez à coup sûr.

    Le but de la défense verbale en cas d’agression est surtout de limiter les dégâts physiques voire d’éviter tout contact physique si c’est possible. Donc dans le meilleur des cas, cela pourra vous protéger d’un racket, d’un viol… Evidemment ce n’est pas parce que vous allez tenter de discuter avec l’agresseur que cela va forcément se solder par une réussite, il est impossible de savoir si vous en sortirez vainqueur (dans le sens épargné) ou non.

    Comment réagir ?

    Le meilleur moyen de réagir, pour moi, en cas d’agression est la communication non violente (CNV). La CNV est la voie royale pour résoudre les conflits que ce soit dans le couple, avec une personne tierce, et même un agresseur.
    Développée par le docteur Marshall B Rosenberg dans les années 70, la CNV consiste à réapprendre à communiquer correctement.

    Nous attaquons souvent à grand coup de critiques et de jugements : « Tu es ceci », « Tu n’as pas fait cela ».
    La CNV permet de remonter la source de ces jugements en utilisant un processus en quatre étape : observer la situation, reconnaître ses sentiments, identifier le besoin, exprimer sa demande.

    Dans une situation d’agression, si on veut tenter de la désamorcer, il faut savoir faire preuve d’empathie.

    La capacité à offrir de l’empathie à l’autre dans les moments de grande tension peut désamorcer les risques de violence.

    Il est certain que la dernière chose que l’on a envie d’offrir à un agresseur, c’est bien de l’empathie. Pourtant, si l’on arrive à lui faire prendre conscience qu’on le comprend à l’aide de l’empathie avant qu’il en vienne à l’agression physique, on peut s’en sortir indemne. Il ne faut surtout pas sous-estimer le pouvoir de l’empathie, surtout dans ce type de situation.

    D’autre part, la pire idée est de contredire ou d’énerver l’agresseur. Par exemple, la formule « Mais… » a tendance à énerver un agresseur. C’est déjà énervant à entendre pour quelqu’un de « normal » puisque c’est un moyen de détourner notre faute sur quelque chose d’autre, une circonstance extérieure (Par exemple « Tu es en retard » -> « Mais c’est mon réveil qui n’a pas sonné »). Alors imaginé ce qu’un agresseur va ressentir s’il se sent contredit.

    Appliqué à une agression dans le cas d’un racket, cela donnerait pour l’agresseur « Donne moi ton portable » et pour l’agressé « Mais je n’ai pas de portable ». L’agresseur enchaînerait « Donne le moi tout de suite » et l’agressé renchérirait « Mais puisque je vous dis que je n’ai pas de portable ». Même si vous n’avez réellement pas de portable, c’est une très mauvaise idée de répondre ainsi. Vous allez frustrer de plus en plus l’agresseur qui va vraiment finir par attaquer.

    A la place vous pourriez répondre plutôt « Je suis désolé je me le suis fait voler la semaine dernière, je n’en ai pas. » en étant non pas sur la défensive mais simplement vous expliquer sur un ton désolé.

    Dans tous les cas, selon les dires de l’agresseur, tentez d’utiliser l’empathie afin de cerner ses besoins et ses sentiments non assouvis. S’il se sent compris, il ne passera pas à l’acte. Un agresseur ne vient pas voler un téléphone simplement pour la valeur matérielle, il peut le faire pour différentes raisons psychologiques : sentiment d’impuissance d’où un besoin de dominer, sentiment de frustration…

    Tentez de le comprendre et vous aurez gagné.

    En résumé, faites comme le surfeur qui s’adapte à chaque vague pour mieux la surfer : adaptez-vous à la situation et surtout à l’interlocuteur pour parler sur le même mode que lui et chercher à lui montrer que vous le comprenez en cherchant à débusquer ses besoins et ses sentiments. Même les agresseurs en ont, surtout eux ai-je même envie de dire !

    Avec ces conseils, vous devriez pouvoir vous sortir de situations délicates. Evidemment ce n’est pas miraculeux, s’entraîner est un réel plus. Travaillez votre communication et votre empathie au quotidien pour mieux rebondir en cas d’agression.

    Pensez au livre « Les mots sont des fenêtres » pour aller plus loin.